Page 15 - Osez lire avec Pierre Hébert
P. 15
Àl’école primaire, Pierre Hébert débordait déjà d’imagination pour raconter des his- toires. « J’écrivais toujours plus qu’on nous demandait. J’aimais ça parce qu’on était dans le plaisir d’écrire. J’avais un grand imaginaire, j’avais même commencé un début de pièce de théâtre. Au secon- daire, tout s’est arrêté parce qu’on était
beaucoup plus dans la structure, l’orthographe et la grammaire. J’ai perdu ce plaisir d’écrire que j’ai fina- lement retrouvé en faisant de l’humour. Écrire pour le plaisir, pour l’idée, pour le plaisir d’écrire... »
Écrire des numéros d’humour demande une tech- nique particulière que l’on acquiert... en écrivant!
« C’est du travail quand je prépare un spectacle.
Je me donne l’objectif d’écrire au moins trente jokes par jour. Je vais peut-être en garder une seule, mais c’est la quantité qui va amener la qualité. »
Comme il s’agit d’un texte qui va être dit sur scène, le choix des mots et le rythme sont très importants en humour. « Je raconte des histoires qui sont divi- sées en jokes. Le plus difficile est souvent de trouver l’image qui va faire rire, celle qui va bien illustrer le propos et qui va faire que le public va comprendre instantanément. Woody Allen a déjà dit qu’il n’écrit jamais « un vieux char », par exemple. Il va plutôt écrire « une vieille Buick ». Quand on raconte une histoire, il faut que les gens voient tout de suite où tu es, ce que tu fais et avec qui. Un spectacle d’hu- mour, c’est comme un film, il faut amener le public dans notre film. »
Et peut-être même plus qu’un auteur de romans, la réécriture est primordiale. « Je numérote les versions de mes numéros et je peux facilement arriver à une 30e version au moment de la première du spectacle. On les a tellement travaillées et réécrites qu’on a l’impression que c’est naturel. Le conseil que je donne toujours à des jeunes qui veulent devenir
un humoriste, c’est de s’assoir à sa table et de travailler, d’écrire sans relâche. »
1
15
5