Page 19 - boucar_diouf
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   ENTREVUE EXCLUSIVE
BOUCAR DIOUF
«PÊCHEUR D’ISLANDE, DE PIERRE LOTI, EST RESTÉ GRAVÉ PROFONDÉMENT EN MOI, ET SI JE SUIS DEVENU OCÉANOGRAPHE, C’EST PROBABLEMENT GRÂCE À CE LIVRE.»
 pas l’argent pour l’acheter, mais elle m’avait ramené ça à la maison. Ce livre est resté gravé profondément en moi, et si je suis devenu océanographe, c’est probablement grâce à ce livre. C’est une lecture marquante dans mon parcours. »
Dans sa région, il y avait une seule petite bibliothèque, avec très peu de choses à se mettre sous la dent. Un jour, la petite école secondaire de son village a reçu un gros don de livres. Boucar regardait avec envie les boîtes à travers
la fenêtre de la pièce où elles étaient gardées. « Un soir, j’ai voulu aller voler quelques livres. C’est la seule fois de ma
vie où j’ai volé quelque chose. J’y suis allé dans la noirceur, et j’ai rempli mon petit sac de livres, sans savoir ce que
je prenais. Je suis revenu à la maison et j’ai caché le sac sous mon lit. Le lendemain, je me suis aperçu que c’était uniquement des livres en anglais. Mais ma mère avait des moutons, et ils adoraient les feuilles de papier mélangées avec du son et de l’eau. C’est comme ça que je me suis débarrassé des livres volés. Je pense que les moutons de ma mère sont devenus bilingues par la suite tellement ils en ont mangé. »
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