Page 17 - gregory charles
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« J’AI TOUJOURS ÉTÉ TRÈS ATTENTIF À CE QUE ME RACONTAIT MON PÈRE... »
temps quelque chose de fortuit dans son parcours. Il est né en 1940 dans un pays qui allait faire son indépendance en 1966. Il était dans la bonne tranche d’âge. Il faisait partie des rares jeunes étudiants suffisamment éduqués pour ima- giner un futur pour leur pays. Il est arrivé aux États-Unis dans les années 1960, en plein dans la mouvance des droits civils sur les campus américains. Il avait la bonne person- nalité et le timing était bon. Il est venu livrer un discours de Martin Luther King à Montréal en 1965, mon père et ma mère étaient presque du même âge. Ils avaient plein de liens, comme des valeurs religieuses, familiales et humaines qui étaient semblables. »
Lennox a décidé de venir rejoindre sa femme et de s’ins- taller au Québec à ce moment-là. « Il est arrivé en plein es- sor de l’émancipation du Canadien français. La société a beaucoup changé en Occident dans la même période où il
était parfaitement qualifié pour participer à tout ça. Il était responsable, courageux et très ouvert sur les autres. Et, il demeure que mon père avait une philosophie de vie parti- culièrement altruiste, basée sur l’amour des autres. En plus, c’est quelqu’un qui a aimé sa femme plus qu’il ne s’aimait lui-même. »
À la lecture passionnante de ce livre, on retient aussi le courage de cet homme qui ne s’est jamais laissé abattre malgré les difficultés et les embûches. Il serait normal de penser qu’on ne grandit pas à côté d’un tel homme avec fa- cilité. Pourtant, Gregory Charles confie ne pas avoir souffert de la comparaison. « J’ai grandi en étant en admiration. Mon père était vraiment tourné vers les autres. Notre maison était un lieu de passage pour des gens qui arrivaient de l’étran- ger ou ceux qui avaient besoin d’aide, mais il était aussi tourné vers moi. Je n’ai jamais senti qu’il y avait un poids
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