Page 19 - gregory charles
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    ENTREVUE EXCLUSIVE
AVEC GREGORY CHARLES
 supplémentaire sur mes épaules parce qu’il avait fait tout ça. Mon père, avec tout ce qu’il avait vécu, était toujours admiratif de ma mère. C’était elle, le personnage central de notre maison. Il trouvait qu’elle était d’un grand dévouement et d’une grande détermination, qu’elle avait une force qu’il n’arrivait pas à égaler. J’ai donc grandi dans l’admiration de mes deux pa- rents, et de la force de leur amour et de leur engagement.»
DEUX LANGUES, DEUX CULTURES
Avec un père américain, originaire de la Trinidad et une mère québécoise, Gregory Charles s’est construit en deux langues avec la richesse des deux cultures. «Ça m’a peut-être aidé à gran- dir, durant quelques années, dans un petit village au centre du Québec. Même si mon père était anglophone, il a appris le français très rapidement. Il me parlait en anglais exclusivement quand je fai- sais quelque chose de mal. Mes parents se parlaient aussi en anglais pour des affaires particulières. Cependant, mon identité est totalement québécoise. Je suis québécois, mais je ne suis pas sans comprendre l’héritage de couleur et histo- rique qui vient de mes parents. »
Le chanteur et animateur voulait d’ailleurs qu’à travers ce livre, sa fille comprenne ses origines. «Le plus vieil ancêtre connu, du côté de mon père, c’est une femme qui a été capturée dans le centre de l’Afrique, qui a été enchaînée et mise sur un bateau en 1705, qui a été esclave en Alabama, qui est ensuite descendue en Louisiane, puis vers Haïti, et finalement à Trinidad. De plus, dans le même temps que son ancêtre, du côté de ma mère, c’est un soldat de l’armée de LouisXIV, qui a décidé de traverser
l’Atlantique pour venir braver la réalité de la Nouvelle-France. Je voulais qu’elle com- prenne que, dans ces deux trajectoires, ce sont des gens courageux qui ont rele- vé des défis et qui l’ont fait en conservant des valeurs qui les ont distingués. »
UNE ÉCRITURE EFFICACE
Si Gregory Charles est surprenant par ses compétences et son talent en musique, il l’est tout autant quand il s’agit d’écriture. Il avoue humblement avoir une méthode qui fonctionne, comme en musique. «J’écris comme je fais de la musique, je n’ai aucune prétention d’auteur, même si je me rends compte que je suis capable d’écrire et que c’est assez bien ficelé. La façon dont la musique est faite, ce sont plusieurs phrases musicales qui sont jux- taposées, je fais pareil en écriture. J’ai une grande idée que je sépare en plu- sieurs plus petites idées, et j’essaie de les écrire de façon lyrique. Il y a comme de l’émotion dans chaque phrase. C’est ce que j’essaie de faire pour qu’à la fin d’un paragraphe, il y ait un trop-plein d’émotion. Ça simplifie la limpidité de ce que j’essaie de raconter. »
Cette facilité dans l’écriture vient aus- si du fait que l’auteur est un immense lecteur depuis très longtemps. «J’ai lu beaucoup et ma lecture est assez rapide. J’ai fait des études en droit, j’ai appris à lire rapidement.» Plus jeune, il avait une technique pour retenir et se souvenir de ce qu’il lisait. « Plus jeune, j’arrachais les pages des livres que je lisais. Comme je ne pouvais plus revenir en arrière, je me concentrais totalement sur ma lec- ture. J’avais donc dans ma bibliothèque des jaquettes de livre, sans les pages à l’intérieur. »
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