Page 34 - boucar_diouf
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  PORTRAIT D'AUTEUR
   Steve Dubreuil et Guy Côté
QU’EST-CE QUI FAISAIT DE LUI UN ÊTRE UNIQUE?
C’était une bibitte rare, Guy... Je n’en ai pas croisé deux ©Musée régional de la Côte-Nord comme lui! Dommage, car il devrait en avoir beaucoup plus des Guy Côté. Le patrimoine serait bien mieux préservé et valorisé s’il y avait des passionnés comme lui dans chaque région. Il avait une si grande curiosité. Je repense juste à une chronique qu’il a écrite pendant 15 ans dans La Revue d’His- toire de la Côte-Nord dans laquelle il répertoriait toutes les IL A FAIT CARRIÈRE COMME CHERCHEUR, GUIDE ET INTERPRÈTE À PARCS
nouvelles parutions (livres, revues, articles, etc.) concernant CANADA, RÉSERVE NATIONALE DE L’ARCHIPEL-DE-MINGAN À HAVRE-
la région. Son radar était constamment allumé (rires). SAINT-PIERRE. EST-CE QU’IL A AUSSI TRAVAILLÉ AU MUSÉE RÉGIONAL
DE LA CÔTE-NORD?
QUELLES ÉTAIENT SES DIFFÉRENTES ET MULTIPLES PASSIONS?
C’était surtout pour des mandats de recherche, de rédac-
Une passion qui passait un peu en second plan, dont les gens lui parlaient peu, c’était les sciences naturelles. Il était tion et des projets dont une exposition sur l’histoire de la
très solide en ornithologie, botanique et géologie. Il a fait navigation en 2015 et une autre sur l’histoire forestière en
2018. Ça durait quelques semaines, quelques mois. Il pas-
beaucoup d’observation de mammifères marins dont les ba- leines pour l’Institut de recherche à Longue-Pointe-de-Min- sait ses semaines d’hiver à Sept-Îles à faire des recherches
gan. Il aidait souvent les ornithologues de Parcs Canada à aux archives, à écrire des articles ou à travailler sur des pro-
jets personnels. Mais il arrivait à tout moment au Musée ré-
baguer des oiseaux ou pour des projets d’inventaire et de captures. Pour identifier les plantes, les petits fruits et les gional pour diner avec l’équipe ou simplement faire un tour.
fleurs, il était vraiment fort! Il avait le souci de l’exactitude; Il avait toujours avec lui un article, un livre ou un objet qui
pouvait concerner le Musée. Au fil des ans, il nous a don-
toujours les noms populaires et le nom scientifique, on avait l’heure juste (rires). Il cuisinait beaucoup de desserts, de re- né plus d’une centaine d’objets, dont plusieurs provenaient
cettes traditionnelles de fruits de mer et de poissons à partir d’Anticosti et qu’il trouvait trop fragiles pour être conservés
dans sa collection personnelle. À son décès, sa famille nous
du terroir alimentaire qu’il avait appris de la famille de sa mère, les Nadeau de Tête-à-la-Baleine. Il avait une mémoire a remis une autre centaine de pièces; on parle donc de plus
phénoménale des dosages pour réussir tartes, biscuits et de 200 objets provenant de sa collection qui se retrouvent
au Musée.
bouillons. Il avait toutes ces connaissances secrètes!
©JB Film
 HISTORIEN, ÉCRIVAIN, CONFÉRENCIER, RACONTEUR, PROTECTEUR DU PATRIMOINE, GUY PORTAIT PLUSIEURS CHAPEAUX! POURQUOI EST-CE QU’IL INVESTISSAIT ET DONNAIT AUTANT DE SON TEMPS?
Et tout ça, c’était souvent de façon bénévole, dans le sens qu’il n’a jamais calculé ses heures. C’était une véritable vocation. Ce n’était pas le style à dire j’ai fait mes 8 heures aujourd’hui, donc j’arrête. C’était très difficile de sortir Guy du patrimoine. Je pouvais débarquer chez lui le week-end et soudainement il me parlait d’un sujet qui concernait mon travail. Moi je voulais une pause, mais pas lui (rires). Donner une voix au passé de la Côte-Nord et au patrimoine, c’était vraiment une passion avec un grand P, c’était plus fort que lui. 34
©Gracieuseté Guylaine Côté
 





































































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