Page 23 - Mélanie Maynard
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VOTRE DERNIER LIVRE, KANATUUT, EST UN RECUEIL DE 10 NOU- VELLES INSPIRÉES DU TERRITOIRE ANCESTRAL INNU, DES LÉGENDES ET DES CONTES TRADITIONNELS DE VOTRE PEUPLE, TRANSPOSÉS DANS UN CONTEXTE ACTUEL (EX : DESCRIPTION DE PESSAMIT, LA REZ, FUMER DU WEED, VIDÉOS SUR YOUTUBE, CHALET ET MOTO- NEIGE, LE PRONOM IELS). POURQUOI AVOIR CHOISI CETTE FAÇON DE RACONTER CES HISTOIRES ANCIENNES?
Plus jeune, je n’avais pas accès à ces histoires et on ne me les a pas apprises. Même pendant l’écriture de ce livre, j’avais de la difficulté à avoir accès à des conteurs et des histoires anciennes. Ça m’a pris du temps. Ce que j’entendais ce- pendant, c’est qu’à chaque époque, les récits ancestraux ont quelque chose à nous trans- mettre, comme un enseignement ou une leçon. Nos histoires peuvent toujours être des guides et des cartes pour comprendre le moment présent. C’était intéressant et fascinant de plonger dans l’écriture de ces récits. Je me suis demandé, com- ment je peux reconnecter le jeune lectorat à sa réalité et à son identité par l’entremise des récits ancestraux. Dans le mode de vie d’aujourd’hui, il y a moins d’intérêt et de valeur pour ce qui est ancien. On parle de folklore, ce qui veut dire une tradition qu’on n’utilise plus. On est actuellement dans un mouvement pour raviver le savoir et la mémoire des peuples autochtones, justement pour ne pas que ça devienne du folklore, mais bien une culture d’aujourd’hui.
C’est important pour les jeunes de trouver un moyen de se reconnecter. Souvent, j’écris pour moi quand j’avais 16-17 ans, pour la jeune Na- tasha sans modèle. J’écris ce que j’aurais vou- lu voir, savoir et lire. C’est ce qui m’a inspirée à placer les récits dans un contexte contemporain. Mes activités dans les écoles et mes rencontres avec les jeunes qui s’intéressent au slam et à la poésie, ça me donne une idée sur leurs question- nements et leur perception du monde. J’ai tenté de répondre à ça avec mon livre. J’ai 33 ans, je n’en ai plus 15, mais dans la création, je réponds d’abord à moi et à mes besoins. J’essaie aus- si de donner des pistes aux plus jeunes. Sans rien prétendre, c’est ce que j’ai envie de faire. À chaque époque, on peut réactualiser les récits ancestraux plutôt que de les laisser dans le pas- sé. Ça nous permet de mieux les comprendre.
© JENNIFER FONTAINE
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