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RENCONTRE D'AUTRICE Sylvie Drapeau
Sylvie Drapeau, Fleuve (novembre 2019)
Au cours des dernières années, l’actrice a aussi fait une place à l’autrice. Avec sa tétralogie Le fleuve (2015), Le ciel (2017), L’enfer (2018) et La terre (2019) qui raconte son histoire, de son enfance à Baie-Comeau à sa vie d’adulte à Montréal, elle déploie son grand talent d’écrivaine. Avec sensibilité, subtilité et humanité, elle aborde les drames, les deuils et la maladie qui frappent sa famille tricotée serrée, sa meute.
Rencontre avec une femme et une artiste assumée qui n’a pas fini d’écrire son dernier mot.
EST-CE QUE DE DEVENIR AUTRICE FAISAIT PARTIE DE VOTRE PLAN DE CARRIÈRE OU IL Y A EU UN ÉLÉMENT DÉCLENCHEUR ?
Je n’avais pas de plan de carrière comme tel, mais j’ai tou- jours aimé les mots. Je suis allée au Cégep de Baie-Comeau en lettres, puis en études françaises à l’Université de Mon- tréal. Il s’est avéré qu’il n’y avait pas de cours de création littéraire dans ce programme et c’est ce qui a changé mon parcours. Je suis une artiste, d’abord et avant tout. Je n’étais pas à ma place; sans création, je me sentais perdue. À la fin de la première session, j’ai vu une annonce dans le journal concernant une audition pour l’École nationale de théâtre. J’avais 19 ans et je me suis dit : ce sera ça, ma vie! Pour- tant, j’avais seulement joué au Cégep. J’ai fait mon entrée à l’École nationale et j’ai eu une vie d’actrice bien remplie.
Vers 48 ans, je travaillais beaucoup et j’ai vécu un épuise- ment professionnel. Après quatre mois, quand je me suis relevée, la pudeur et la gêne qui m’empêchaient d’écrire avaient disparu. Que je sois bonne ou pas assez bonne, ça
© YVES RENAUD
Le fleuve face à Baie-Comeau
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